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Page:Andreïev - Nouvelles, 1908.djvu/274

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NOUVELLES

Sénista répondit par un sourire de ses lèvres noircies et desséchées : « Je te crois ! »

— Tu vois ! continua triomphalement Sazonka. Il éprouva un soulagement joyeux et sentit qu’il pouvait maintenant parler de la tape donnée par hasard une quinzaine de jours auparavant. Il y fit allusion, en touchant du doigt l’épaule du petit malade : « Et si on t’a donné un coup, était-ce par méchanceté ? Dieu, non ! Ta tête est par trop commode ; elle est grosse et tondue… »

Sénista sourit de nouveau et Sazonka se leva. Il était très grand ; ses cheveux qui s’enroulaient en boucles lui faisaient, grâce à l’emploi d’un peigne fin, comme une casquette légère et somptueuse ; ses gros yeux gris lançaient des étincelles et souriaient à son insu.

— Eh bien, adieu ! dit-il, mais il ne bougeait pas. Il voyait la nécessité de faire quelque chose d’encore plus cordial et de meilleur, quelque chose qui rendît agréable le séjour de Sénista à l’hôpital et qui lui facilitât, à lui, Sazonka, sa sortie. Il piétinait sur place, risible dans sa confusion puérile, lorsque Sénista le tira de nouveau d’embarras.