Aller au contenu

Page:Andreïev - Nouvelles, 1908.djvu/317

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
307
LA VIE EST BELLE BOUE LES RESSUSCITÉS

il s’attaquait à tout, il voulait accomplir tant de choses, il était si certain de conquérir le monde.

Et il mourut, insensiblement, sans bruit. Un jour il était entré dans le monde ; il était resté longtemps sans donner de nouvelles, puis il revint triste et brisé. Il avait longtemps pleuré, essayant en vain de dire on ne sait quoi et avait expiré sans y être parvenu.

Voilà toute une longue rangée de petits monticules tassés. Qui est là-dessous ?

Ah ! oui ! Ce sont des enfants ! les petites espérances espiègles et folâtres. Elles étaient si nombreuses et peuplaient si gaiement l’âme : mais elles sont mortes l’une après l’autre…

Qu’elles étaient nombreuses et comme elles peuplaient gaiement l’âme ?

Le silence règne dans le cimetière, et les feuilles des bouleaux blancs bruissent tristement.

Mais que les morts ressuscitent ! Ouvrez-vous, tombeaux maussades, anéantissez-vous, pesants monuments, fendez-vous, grillages de fer !