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Page:Andry - L’Orthopédie, tome II.djvu/135

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de certains domestiques, qui tueront, de sang froid, un chien, un chat, un oiseau, &c. Chassez ces domestiques, & que vos enfans ne les voyent jamais ; cinquiémement, empêchez qu’on ne leur persuade que les bêtes ne sentent rien. Cette doctrine est toute propre à rendre les enfans cruels ; ils tueront tranquillement un moineau, un serin, &c. ce qui peut aller loin, & à force de se faire un naturel féroce, ils en contracteront jusqu’à la physionomie, qui sera d’avoir les yeux hagards.

Il est dit de Caïn dans la Genese, qu’après son meurtre, Dieu lui imprima une marque pour empêcher que ceux qui le rencontreroient, ne le tuassent ; plusieurs prétendent que cette marque consistoit dans un air affreux qui faisoit fuir tout le monde, ensorte que personne n’osoit aborder Caïn. Cet air affreux étoit, à ce à ce qu’on croit, ce qu’on entend par les yeux hagards, dont le seul aspect ne se peut qu’à peine soutenir, comme le témoigne Boileau, dans ces vers que nous venons de citer.