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Page:Andry - L’Orthopédie, tome II.djvu/298

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observé plus haut, sur la maniere de marcher des enfans[1], sçavoir, que le compas de leurs jambes étant plus court, ils sont obligés de se forcer, quand il s’agit de suivre ceux qui, les menant par la main, ne veulent pas marcher à pas d’enfans ; en sorte que cet effort met souvent leur respiration à bout, & produit à la fin en eux, la difformité affligeante dont nous parlons, sçavoir la parole entrecoupée ou courte haleine.

Virgile qui observe si exactement en tout les bienséances, se seroit bien gardé de représenter Ascanius[2] suivant à pas inégaux son père Enée, si c’eût été dans une occasion, où le pere eût eu la liberté de se proportionner aux pas de son fils. Mais que dire de la célérité outrée avec laquelle tant de meres & de gouvernantes, sans y être contraintes par aucune nécessité, font marcher les enfans qu’elles conduisent par la main ? Ne s’imagineroit-ton pas qu’elles ont à les sauver de quelque grand péril, & qu’elles se trouvent dans un cas pareil à celui où Virgile, (soit par fiction ou autrement) suppose ici Enée ? c’est cependant de plein gré qu’elles les essouflent de la

  1. Pag. 272 & 273.
  2. Autrement, Julus, Fils d’Ænée.