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Page:Andry - L’Orthopédie, tome II.djvu/346

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à opérer. Enfin l’action de la voix & de la parole a tant de vertu pour exercer le corps, qu’on ne pourroit pas nier que ce ne fût peut-être pour cela, que les femmes ont moins besoin d’exercice que les hommes, celles-ci étant plus sujettes à parler, en quoi la nature est admirable.

Nombre de Prédicateurs & d’Avocats doivent leur santé au grand exercice qu’ils font de leur voix. Ils se déchargent par là, d’un surcroît d’humeurs qui les accableroient. Les cris même que les enfans ont coûtume de pousser, sont de puissans moyens que la nature employe pour faire croître plus facilement & plus promptement leur petit corps ; ces cris servant à faire aller les sucs nourriciers dans les vaisseaux les plus reculés, ce qui oblige nécessairement les parties à se développer. Nous pouvons citer sur cela l’exemple des indiens, qui, au rapport de Christien Warlitz dans son Livre intitulé : Scrutinium Lacrymarum, font tenir toûjours auprès du berceau de leurs enfans, des orties prêtes, dont on les touche de temps en temps, pour les faire crier, parce qu’ils ne crient presque jamais d’eux-mêmes. Ces Peuples n’alleguent point d’autre raison de cette conduite, si non que c’est pour procurer à leurs enfans une meilleure santé & une plus longue vie.