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Page:Andry - L’Orthopédie, tome II.djvu/39

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nir ensuite, on peut se faire violence, & se corriger, mais l’air rude & colere qu’on a contracté, reste toûjours, & on porte toute la vie, sur le visage, de quoi déplaire à tout le monde.

Ce que je dis de la passion de colere, se doit entendre de toutes les autres passions ; on s’accoûtumera par exemple, dès sa jeunesse, à des airs d’orgueil & de mépris pour la plûpart des personnes que l’on verra ; des parens ne veilleront pas à corriger d’abord ce défaut ; le visage prendra alors, peu à peu, des traits d’orgueil & de hauteur, & ces traits, à force de se renouveller & de se retracer tous les jours sur la peau du visage, s’y graveront de telle maniere, qu’on aura ensuite tout le reste de la vie, un air méprisant, qui est le plus choquant de tous les airs, & le plus capable d’attirer sur soi le mépris même qu’on a pour les autres.

Un enfant sera élevé d’une maniere triste, son visage prendra un air triste & déplaisant. Ainsi, peres & meres, qui voulez que vos enfans ayent un air gai, élevez-les d’une maniere qui les tienne gais ; mais prenez garde, aussi de leur, donner trop de liberté, & de souffrir qu’ils parlent & qu’ils agissent étourdi-