Aller au contenu

Page:Andry - Réflexions sur l’usage présent de la langue française.djvu/342

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fendu absolument d’inventer des mots. N’en déplaise à l’Auteur de l’Epitaphe, sa pensée est basse[1].


Nominatif sans verbe.

C’est un vice ordinaire à ceux qui sçavent plus de Latin que de François, de mettre quelquefois un nominatif sans verbe, par exemple : « Je souhaitois de voir vivre ces armées de bons Citoyens, lesquels s’ils vivoient encore du moins la République subsisteroit[2]. » C’est le génie du Latin de s’exprimer de la sorte, mais non pas du François, ce pronom, lesquels, dans cette phrase ne se rapporte à rien, lesquels s’ils vivoient la République subsisteroit, quelle bizarre expression ! on fait quelquefois une faute contraire à celle là, en mettant le verbe sans nominatif ; comme : mais en quoy Ignace réussit le plus, fut à réformer les mœurs des Ecclésiastiques[3], où est le nominatif de fut ? Il falloit dire : mais

  1. Maniére de bien penser dans les ouvrages d’esprit. Dialog. 1.
  2. Nouvelle trad. de la seconde Phili.
  3. Vie de S. Ignace.