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Page:Andry - Réflexions sur l’usage présent de la langue française.djvu/578

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M. de la Moignon, en parlant de la simplicité où vivoient les hommes des premiers siécles : les bornes de leurs heritages, dit-il, estoient les bornes de leurs desirs, il pouvoit dire : les bornes de leurs héritages estoient celles de leurs desirs. Mais un Ecrivain exact se croit estre obligé à ces sortes de répétitions.

Un autre Auteur qui écrit avec beaucoup de politesse des choses mesmes les plus abstruses dit : « Il ne faut pas que l’esprit s’arreste avec les yeux, car la veuë de l’esprit a plus d’étenduë que la veuë du corps[1]. » Il ne mét pas, car la veuë de l’esprit a plus d’étenduë que celle du corps.

Et un autre dont le stile est fort chastié & fort exact : « l’Eloquence n’eust de succés à Rome que par les glorieuses récompenses qu’on luy proposoit. Son crédit y cessa aussitost que ses récompenses y cesserent[2]. » Un Auteur moins exact

  1. Recherche de la verité.
  2. Reflexions sur l’Eloquence.