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Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/132

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même époque (deuxième moitié du xiie siècle et en partie début du xiiie) ; ils sont nés dans la même région, le Limousin et le Périgord ; la nature les a pour ainsi dire réunis ; il n’y a pas de raison pour les séparer dans notre étude. Avec Bernard de Ventadour, et deux ou trois autres troubadours dont il sera question plus loin, ils représentent ce que la poésie provençale a produit de plus parfait. Il y a, dans la période suivante, des troubadours aussi brillants ; il n’y en a pas, sauf peut-être une exception, de supérieurs.

Le premier, Arnaut de Mareuil, originaire du Périgord, était de petite naissance. Il fut clerc dans sa jeunesse ; mais il quitta bientôt cette condition pour courir le monde. « Sa bonne étoile, dit la biographie provençale, le conduisit à la cour de la comtesse de Burlatz, fille du comte Raymond V de Toulouse et femme du vicomte de Béziers. » Il avait de précieux talents de société : « il chantait bien et lisait de même » ; de plus il était très « avenant de sa personne et la vicomtesse l’honorait et l’estimait beaucoup ». Il écrivit pour elle de nombreuses chansons ; mais il prenait la précaution un peu enfantine de faire croire qu’il n’en était pas l’auteur ; il se trahit un jour ; la vicomtesse accepta ses hommages, elle lui fit donner de beaux habits — chose très importante selon les mœurs du temps — et lui accorda la permission de composer des vers en son honneur.

Suivant une autre tradition, le pauvre troubadour eut bientôt un rival redoutable en la personne