Aller au contenu

Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/273

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’abord l’imitation des poésies de langue d’oïl y est sensible ; il est vrai que la poésie lyrique du Nord de la France a pris ses modèles dans le Midi, comme on va le voir.

Ce qui est plus important, c’est que la poésie portugaise comprend beaucoup d’œuvres qui paraissent être d’inspiration populaire. Et il y en a de charmantes qui semblent ne rien devoir à l’imitation.

L’influence provençale sur cette poésie consisterait donc surtout en ceci : c’est qu’elle aurait contribué à faire de cette poésie populaire une poésie courtoise. L’imitation n’est pas aussi sensible que dans la première poésie italienne ; mais l’influence des troubadours a été capitale pour transformer cette poésie[1].

Comment et à quelle époque s’est produit le contact entre troubadours provençaux et galiciens ? Problème intéressant, mais non encore résolu. Peu de troubadours provençaux ont visité le Portugal ; mais l’école galicienne n’était pas confinée dans les limites, surtout dans les limites actuelles de ce pays. Les chevaliers poètes vivaient souvent aux cours de Léon et de Castille, où fréquentèrent si volontiers les troubadours, depuis le xiie siècle. C’est par là que se serait faite l’initiation. En ce qui concerne l’influence de la langue d’oïl, elle a pu s’exercer par les mêmes moyens. Mais il y a ici un élément de plus : c’est que plusieurs des premiers princes du Portugal sont de race bourguignonne. Ajoutons enfin que par ses côtes la Galice et le Portugal étaient en relations directes avec

  1. Voir sur ce point important que nous ne faisons qu’indiquer ici : Jeanroy, Origines, p. 308-338 (La poésie française en Portugal). M. Jeanroy combat l’origine populaire de la lyrique portugaise, défendue par la plupart des critiques qui se sont occupés avant lui de la question et en particulier par M. Th. Braga. Cf. enfin la conclusion de l’étude de M. Lang, op. laud., p. cxlii-cxlv.