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Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/30

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miers monuments de la poésie lyrique que Gaston Paris appelle l’école « provençalisante ». Les quelques chansons d’amour composées par Chrétien de Troyes pour Marie de Champagne sont parmi les premières que l’on puisse rattacher à cette école. Celles de Conon de Béthune, de Gui de Couci, de Jean de Brienne, de Gace Brulé sont un peu postérieures. C’est au début du xiiie siècle que cette poésie lyrique de langue d’oïl est dans tout son éclat.

Elle passe bientôt de la noblesse, au milieu de laquelle elle a pris naissance, comme dans les cours du Midi, à la bourgeoisie qui petit à petit voit grandir son importance. L’école bourgeoise d’Arras produit les poètes les plus remarquables du temps. La poésie épique cède sa place aux romans d’aventures et aux nouvelles. Mais pendant toute cette période du xiiie siècle, qui est pour la littérature du Midi une période de décadence et de mort, de nouveaux genres naissent dans la littérature française ; elle déborde de sève et de vie. La poésie allégorique commence, ainsi que la satire, la poésie dramatique, et l’histoire. Ces nombreux genres si variés dont le xiiie siècle montre les origines sont le présage d’une magnifique floraison ; la littérature du Midi meurt au même moment parce qu’elle n’a pas pu se renouveler.

Elle l’aurait pu peut-être, si elle s’était souvenue de ses origines populaires ; elle aurait retrouvé à cette source toujours féconde dans toutes les littéra-