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Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/38

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Périgord, était graveur en métaux précieux ; Arnaut de Mareuil et plusieurs autres étaient notaires. Toutes les classes de la société étaient ainsi représentées dans ce monde étrange des troubadours ; fils de nobles, fils de bourgeois, ou simples fils de gueux, un même amour pour la poésie les rapprochait.

Il manquerait un fleuron à cette couronne poétique, si nous n’ajoutions que les femmes aussi s’exercèrent avec honneur à la poésie. On compte dix sept poétesses : parmi elles Béatrice, la gracieuse comtesse de Die, dont les chansons nous font connaître le roman d’amour avec le troubadour Raimbaut, comte d’Orange. Marie de Ventadour, femme d’Èbles IV, passait pour une connaisseuse en art poétique ; elle composa des poésies et fut choisie comme juge, avec d’autres nobles dames, dans des questions de casuistique amoureuse[1].

Dans certaines familles les deux époux étaient poètes : nous connaissons au moins deux exemples d’unions de ce genre[2]. Quelquefois il se formait une vraie dynastie de troubadours, comme dans la famille des châtelains d’Ussel, en Limousin. « Gui d’Ussel, nous dit le biographe, était un noble châtelain ; l’un de ses frères s’appelait Èbles, l’autre Pierre ; son cousin s’appelait Élie ; et tous quatre étaient troubadours. Gui trouvait de bonnes chansons, Élie de bonnes tensons et Èbles les mauvaises [il y a là une distinction qui ne nous paraît pas très claire ; peut-être les mauvaises tensons désignent-elles

  1. O. Schultz(-Gora), Die provenzalischen Dichterinnen, Leipzig, 1888.
  2. Raimon de Miraval et son épouse Gaudairenca ; Hugolin de Forcalquier et Blanchemain (A. Stimming, loc. cit., p. 19).