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Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/67

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sur l’origine du mot, ni du genre. D’après les uns, le nom lui viendrait du fait qu’il est composé à l’origine par des « serviteurs » ou pour des « serviteurs », c’est-à-dire sans doute, par des « poètes de cour » ; suivant d’autres il tirerait son nom de ce qu’il est composé sur la forme, sur l’air d’une chanson ; ce serait, pour ainsi dire, une poésie « au service » d’une autre, qu’elle imiterait servilement. Cette dernière opinion a pour elle la plus grande vraisemblance. Car pour la forme, le sirventés ne se distingue pas de la chanson. On y retrouve le même souci de l’agencement des rimes que dans le genre précédent.

C’est par le contenu surtout que ces genres diffèrent. La chanson passait aux yeux des troubadours pour le genre le plus parfait. Mais je ne sais si, à notre point de vue, le sirventés n’est pas plus vivant.

On peut en distinguer plusieurs catégories. D’abord le sirventés moral ou religieux, consacré à des thèmes généraux de morale et de religion. Il fleurit surtout pendant la période de décadence. Là aussi la convention se fait sentir de bonne heure. La poésie provençale nous offre quelques types de satiriques originaux et vigoureux. Mais à côté d’eux il y eut le troupeau servile des imitateurs.

Le sirventés politique ou personnel est bien plus intéressant. C’est lui qui nous permet de pénétrer dans la société où vécurent les troubadours. Les chansons nous montrent le côté idéal ou idéaliste de cette société ; le sirventés nous fait connaître la réalité.