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Il y a une quinzaine de poésies de ce genre dans la littérature provençale : la plus ancienne est en latin, le refrain seul est en provençal[1]. D’où vient ce genre si étrange dont on ne trouve pas trace dans les littératures anciennes ? Est-il, comme la plupart des autres, d’origine populaire, ou faut-il lui reconnaître une origine savante ?

Si nous ne connaissions que des formes d’aube provençales, surtout celle que nous venons de citer, on pourrait se demander si ce genre n’est pas un produit de la société aristocratique et courtoise du moyen âge. Mais il y a d’autres formes plus anciennes que celles-là. Ce n’est pas toujours un ami fidèle, ou un veilleur (personnage très important dans les châteaux) qui annonce le retour du jour ; ce rôle est quelquefois confié aux oiseaux populaires par excellence, l’alouette, le rossignol, et ce thème se retrouve dans la poésie populaire de la plupart des pays. Sans engager ici une discussion inutile sur l’origine de l’aube, admettons avec la plupart des critiques que l’aube se compose de plusieurs éléments dont les principaux sont d’origine populaire. Nous ne connaissons que par hypothèse cette forme primitive. Il en est ainsi au début des littératures ; on ne juge les genres dignes d’être notés que quand ils sont déjà loin de leur origine. Les meilleurs de leurs vers — les plus populaires — ne seront jamais connus.

Ces genres principaux, chanson, sirventés, tenson (et en partie pastourelle et aube) ne sont pas les seuls

  1. Le plus récent travail sur l’aube bilingue du Vatican (ainsi nommée du manuscrit qui la contient) est dû au Dr Dejeanne, dans les Mélanges Chabaneau : on trouvera dans cet article la bibliographie du sujet.