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Page:Anglas de Praviel - Scènes d’un naufrage ou La Méduse.djvu/140

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Nous avions chaque jour des camarades à pleurer ; dix d’entre nous périrent dans la même journée. Les deux tiers de nos soldats eurent bientôt disparu.

La marche rapide de l’invasion laissait à peine au médecin le temps de faire usage des médicaments, dont nous fûmes bientôt dénués.

Ceux qui ont échappé à cette effrayante mortalité, n’ont dû leur salut qu’aux soins de M. Quinsé, chirurgien-major de la colonie.

Ce fut dans ces pénibles circonstances, que M. de Chaumareys vint prendre le commandement du camp. Les nouvelles mesures qu’il ordonna améliorèrent sensiblement le sort de nos malades.

Depuis notre arrivée au camp, une mauvaise hutte servait d’infirmerie.

De cette fétide demeure on transportait, au moyen d’une embarcation, les mourants à Gorée, dont nous étions séparés par un bras de mer d’environ deux mille mètres de large.

Dans cette traversée, que l’ardeur du soleil et les vagues de la mer rendaient très-pénible, les malades avaient souvent cessé de vivre avant d’arriver à leur destination.

Ceux qui avaient l’avantage d’y arriver, étaient déposés dans un bâtiment divisé en deux pièces, que l’on avait baptisé hôpital,