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Page:Anglas de Praviel - Scènes d’un naufrage ou La Méduse.djvu/25

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l’arrière de la frégate, ayant à son côté M. Richefort, officier auxiliaire de marine, investi de toute sa confiance, et semblant nous dire : Je commande aux flots. Cette étrange marque de confiance que donnait le capitaine à M. Richefort, et que rien ne justifiait, blessait vivement les officiers de la frégate ; mais comme je viens de le dire, M. Lapérère ayant viré de bord, le danger avait cessé, et il n’était resté dans notre souvenir que l’émotion produite par le récit de M. Correard, la fausse prophétie du docteur Astrue, la bonhomie du Capitaine, l’insuffisance de M. Richefort, et la mauvaise humeur des officiers de la frégate. Tout cela n’empêcha pas d’aller reconnaître le Cap-Blanc.

Le Cap-Blanc fut reconnu dans la journée du 1er juillet. Cette reconnaissance qu’on ne peut révoquer en doute, a donné lieu à quelques plaisanteries de M. Correard. Il dit que M. de Chaumareys dupe d’une mystification, prit un nuage pour le Cap lui-même, le temps était brumeux ; un marin expérimenté et même un habitant des Alpes aurait pu tomber dans une semblable erreur ; mais n’en déplaise à la vue perçante île M. Correard, le Cap fut reconnu à des signes certains.

Après cette reconnaissance, on devait faire route à l’ouest sud-ouest ; par là, on eut évité le banc de sable d’Arguin, qui est un des principaux écueils des côtes occidentales d’Afrique ; mais le Capitaine, au mépris de ses instructions, et croyant n’avoir rien à