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Page:Anglas de Praviel - Scènes d’un naufrage ou La Méduse.djvu/52

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M. Correard a dit dans sa relation que l’adjudant Petit avait pris le commandement de ma petite troupe. Personne n’ignore à qui appartient le droit de commander. Cette observation n’enlève rien au mérite de M. Petit, militaire plein d’honneur et de bravoure. Il en avait donné des preuves dans les dernières campagnes de l’Empire. Décoré de la croix des braves sur le champ de bataille, il savait trop bien la porter pour oublier le moindre de ses devoirs, justice et honneur lui ont été rendus. Arrivé au grade de lieutenant-colonel, il est décédé au Val-de-Grâce à l’âge de cinquante-huit ans, à la suite d’une maladie d’entrailles contractée dans les colonies, françaises.

Je continue. Notre marche ainsi réglée, nous nous mîmes en route pour prendre la côte à l’est. Mais bientôt une nouvelle série d’infortunes commença pour nous. Le soleil frappait à plomb sur nos têtes et nous occasionnait les douleurs les plus aiguës ; j’éprouvais dans mon cerveau une fermentation continuelle. Je le comparais alors à un vase rempli d’huile bouillante. Il faut avoir ressenti les effets d’un soleil brûlant, pour reconnaître la justesse de cette expression.

Les premières atteintes de la soif, dont la fatigue et la chaleur augmentaient la force d’un moment à l’autre, vinrent se joindre à nos souffrances ; point d’eau pour se désaltérer, aucune espérance d’en découvrir et une longue route à faire.