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Page:Anglas de Praviel - Scènes d’un naufrage ou La Méduse.djvu/60

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mais ils furent enveloppés et l’un d’eux reçut une blessure assez gravé.

L’adjudant Petit fut plus heureux, il s’échappa et vint nous donner cette nouvelle ; l’impossibilité de fuir, et surtout la soif, nous déterminèrent à aller au devant de ces barbares.

Ils nous entourèrent en criant, et nous fumes bientôt dépouillés de tous nos vêtements, nos chemises ne furent pas même respectées.

Nous eûmes l’air de nous soumettre de bon cœur à cette spoliation, aucune plainte ne sortit de notre bouche, nous ne disions qu’un mot : de l’eau !

Ils nous conduisirent alors dans un fond où nous en trouvâmes ; malgré son amertume, son odeur infecte et la mousse verte qui la couvrait ; elle fut pour nous le plus grand des bienfaits. Nous fûmes près d’une heure sans pouvoir nous désaltérer ; je puis dire, sans exagérer, que nous en bûmes chacun plus de dix bouteilles ; mais notre estomac ne pouvant la supporter ; nous la rejetions un instant après, telle que nous l’avions prise.

Ce premier besoin satisfait, les Maures nous firent signe de nous approcher de leur cabane. Le chef de la tribu ayant remarque les égards que l’on avait pour moi et pour l’adjudant Petit, nous prit par la main et nous fit asseoir sur le sable.