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Page:Anglas de Praviel - Scènes d’un naufrage ou La Méduse.djvu/70

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gouverneur ; il demeurait dans la maison de MM. Durécu et Potin, négociants français, qui lui avaient donné la plus généreuse hospitalité.

Je me présentai presque nu ; un pantalon que m’avait donné M. Karnet formait mon seul habillement ; ma peau basanée, ma figure pâle et décharnée, les nombreuses cicatrices qui tachetaient mon corps, tout concourait à me donner une physionomie hideuse.

Les soins les plus minutieux me furent prodigués ; à chaque marque d’intérêt que l’on me donnait, je me sentais renaître ; je faisais un pas dans la vie.

Je n’oublierai jamais la conduite obligeante que tint à mon égard M. Durécu, oncle et associé de M. Potin.

Cet estimable négociant, touché de l’état de nudité où il me voyait, courut chercher tout ce qui pouvait m’être nécessaire, une chemise, des souliers, un habit, etc. Habillez-vous, me dit-il, et disposez en tout de moi ; voilà du linge, voici ma table, je regarde tous les naufragés comme mes amis.

Le lendemain de mon arrivée, je me transportai à l’hôpital anglais pour voir ceux de mes camarades qui avaient été sur le radeau. Je les trouvai tous couchés, à l’exception du sous-lieutenant Lozach, dont les plaies commençaient à se cicatriser.