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Page:Anglas de Praviel - Scènes d’un naufrage ou La Méduse.djvu/80

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famille ; je contribue à mettre M. Picard à terre : tout le monde est conservé.

» Les officiers réunirent leurs équipages, les rangèrent en ordre et firent route pour le Sénégal. Mais nous étions dans l’abandon, dépourvus île toutes ressources, sans guide, sur une côte peuplée de barbares.

» La soif et la faim nous assaillaient d’une manière cruelle ; les rayons du soleil ardent qui se réfléchit sur ces immenses plaines de sable, aggravaient encore nos souffrances.

» Le jour, accablés par une chaleur excessive, nous pouvions à peine faire un pas ; la fraîcheur du soir et du matin pouvait seule favoriser notre pénible marche. Ayant, après des peines infinies, franchi des dunes, nous trouvâmes de vastes plaines où nous eûmes le bonheur de découvrir de l’eau, après avoir fait dans le sable des trous à une certaine profondeur : ce liquide bienfaisant rendit à tout le monde l’espérance et la vie. On resta deux heures à cet endroit, et on tâcha île manger un peu de biscuit pour se conserver quelques forces.

» Vers le soir, on reprit le bord de la mer. La fraîcheur de la nuit permettait de marcher ; mais la famille Picard ne pouvait nous suivre. On porta les enfants ; pour engager les matelots à les porter tour-à-tour, nous donnons l’exemple.