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Page:Anglas de Praviel - Scènes d’un naufrage ou La Méduse.djvu/90

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lieu, nous franchissons les dunes, et nous jouissons de la vue de ce fleuve tant désiré.

» Pour surcroît de bonheur, la saison était celle où Veau du Sénégal est douce. Nous nous désaltérâmes à souhait.

» On s’arrêta enfin, il notait que huit heures du matin.

» Nous n’eûmes d’autre abri, pendant toute la journée, que quelques arbres qui m’étaient inconnus, et qui portaient un triste feuillage.

» Je me mis souvent dans le fleuve, mais sans oser aller au large, la peur que nous avions des caïmans nous empêchait de nous éloigner du bord.

» Vers les deux heures arrive une petite embarcation ; le maître demande M. Picard ; envoyé par un des anciens amis de celui-ci, il lui porte des vivres avec des habits pour sa famille.

» Il nous annonce à tous de la part du gouverneur anglais, deux autres embarcations chargées de vivre.

» Je ne puis, en attendant qu’elles arrivent, rester auprès de la famille Picard.

» Je ne sais quel mouvement se passait dans mon âme en voyant couper ce beau pain blanc, et couler ce vin qui m’aurait fait tant de plaisir.