Aller au contenu

Page:Anglas de Praviel - Scènes d’un naufrage ou La Méduse.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cependant il prévoit les dangers auxquels ils pouvaient être exposés l’un et l’autre ; il s’arme de courage, charge sur son épaule la pauvre mourante, et fait tous ses efforts pour rejoindre ses compagnons ; mais à peine a-t-il fait quelques pas, qu’il est averti, par un mouvement convulsif que fait la mourante Clotilde (c’était le nom de son épouse), qu’elle rendait le dernier soupir.

Il met un genou à terre, récite les prières des morts, se relève et continue sa route. Tout-à-coup il entrevoit à travers les ombres de la nuit un animal se blottir : c’était un léopard qui l’attendait au passage.

Déposer son précieux fardeau à terre et se précipiter à la mer ne furent qu’un. Le féroce animal, d’un plein saut, se jette sur le cadavre abandonné, et…… !

L’anxiété de Grevin est extrême, il veut s’abandonner à la vague pour regagner le rivage ; à l’instant où il prenait cette résolution, il se sent heurter à l’épaule : c’était la barrique d’eau que remorquait la chaloupe à son départ de la Méduse ; la corde qui la tenait amarrée à l’embarcation avait cassé, elle était poussée par le vent à la cote.

Il la saisit aussitôt aux deux extrémités, de manière à pouvoir en faire usage pour prendre un peu de repos. À l’instant une lame se déploie avec impétuosité, enveloppe le vieux soldat, et le