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Page:Anicet, Ponson du Terrail, Blum - Rocambole-IA.djvu/33

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Scène X

ARMAND, puis ALPHONSE.
ALPHONSE.

Fichtre ! un monsieur en coupé, rue des Moulins ! Pour qui donc cette visite-là ?

ARMAND.

Pour moi !

ALPHONSE.

Ah çà ! mais te voilà complètement lancé dans le grand monde. Et notre propriétaire qui se plaignait de n’avoir dans sa maison que des artistes ou des étudiants en droit !

ARMAND.

Tu es trop modeste… tu devrais dire avocat.

ALPHONSE.

Peuh ! un avocat qui attend encore sa première cause… tandis que toi… diable ! amant heureux de mademoiselle Baccarat, la beauté à la mode, professeur très-distingué de mademoiselle Carmen de Sallendrera.

ARMAND.

Que dis-tu là ?

ALPHONSE.

Fais donc le mystérieux !… je sais tout… Ose me soutenir que, depuis que tu as l’honneur de donner des leçons à mademoiselle Carmen… tu n’es pas devenu amoureux de ton élève ! C’est même pour cela que tu négliges fortement mademoiselle Baccarat.

ARMAND.

Tais-toi, malheureux !

ALPHONSE.

Osez me démentir, accusé !… osez-le !.. (Riant.) Tu vois, je m’exerce dans la vie privée !

ARMAND.

Eh bien, oui, tu as dit vrai !… mais cet amour est un rêve de fou ! et on plaint les fous, mon ami, on ne se moque pas d’eux ! (Armand va reprendre son carton et son chapeau qu’il avait mis sur une chaise.)

ALPHONSE.

Du moment que tu entres dans la voie des aveux, je t’acquitte !… Où vas-tu ?

ARMAND.

Je rentre chez moi travailler !