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Page:Anicet, Ponson du Terrail, Blum - Rocambole-IA.djvu/97

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me le disait bien… J’ai trouvé l’homme que je cherchais et cet homme, c’est vous !…

ROCAMBOLE.

Moi ?…

BACCARAT.

Oui ; vous êtes noble, vous êtes riche, ce que je dis est invraisemblable, impossible… mais ce que je dis est la vérité… Comte de Chamery, fiancé de mademoiselle de Sallendrera, vous êtes un assassin… Pourquoi avez vous tué ? Je ne le sais pas, je ne le comprends pas, mais vous avez tué… et tué lâchement. Vous avez voulu venir ici, croyant par cet excès d’audace dissiper mes doutes, triompher de mes souvenirs… Cette fois, vous vous êtes pris à votre propre piège.

ROCAMBOLE, froidement.

Je vous croyais une femme raisonnable… Admettons que je sois l’homme que vous dites… est-ce à vous de menacer ? N’êtes-vous pas seule avec moi ? oh ! bien seule !… vos gens ne reparaîtront pas avant une heure. Nul ne m’a vu entrer, nul ne me verra sortir… et si l’on trouve ici un cadavre au milieu de meubles brisés, on croira à un de ces crimes qui n’ont que le vol pour but… Allons, donnez-moi cette médaille.

BACCARAT.

Jamais !

ROCAMBOLE.

Baccarat, je suis bien l’homme de Croissy ; mais vous comprenez que, si je vous dis mon secret, c’est que vous allez mourir.

BACCARAT.

Mourir… te laisser impuni !… Dieu ne peut pas vouloir cela… J’appellerai… on viendra à mon aide…

ROCAMBOLE.

Qui ?… Vous n’avez ni serviteurs ni voisins… Personne ne passe dans cette rue… Je n’aurais pas mieux choisi la maison… pour en finir avec vous. Baccarat, nous nous connaissons trop bien l’un et l’autre à présent… vous ne m’auriez pas fait grâce, et je ne vous ferai pas merci !…

BACCARAT.

La lutte est impossible… tu avais trop bien pris tes mesures… Puisqu’à tout prix il te faut cette preuve, eh bien, pour l’avoir, tue-moi donc, je mourrai de la main qui a frappé Armand.