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Page:Annuaire encyclopédique, IX.djvu/925

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(1841)

TECHN

(1842)

dans l’article, nécessairement sommaire, qu’il a consacré à ces grandes assises industrielles. À côté des innombrables améliorations de détail, des inventions dont le caractère fin et ingénieux surpassait la mesure de leur réelle utilité, il a pu faire ressortir combien étaient >rares ces idées fécondes qui font toute une révolution dans une branche industrielle, et ouvrent de larges perspectives à la spéculation technologique. Cependant notre compte rendu, chaque fois qu’il a rencontré le mérite, lui a payé son tribut d’hommage, et quoique peu des desiderata industriels aient été remplis, il en a accueilli les promesses sans objections, sachant bien que le. temps seul apporterait à cet égard une inévitable révision, et procurerait le bénéfice d’inventaire..Une année était insuffisante pour ce classement ; c’est pourquoi nous nous sommesabstenusdansr.4«î !MaîYede1868 : mais dans celui-ci, l’intérêt de notre publication nous oblige de reprendre l’examen de cette branche importante de l’activité humaine, en y rattachant la revue rétrospective de ceux des objets de l’exposition 1867 qui ont résisté à l’expérience, et surnagé dans l’estime du public. Et pour donner à cette partie de notre oeuvre le caractère de.continuité qui distingue toutes, les autres, aussi bien que pour offrir ceux de nos lecteurs qu’elle intéresse un repère suffisant, nous en réunirons désormais les éléments multiples et divers sous la rubrique, TECHNOGRAPHIE, terme fort convenable pour exprimer le rôle exclusif de reporter industriel dans lequel nous voulons nous renfermer. Quant à la Technologie, .qui traite exprofesso, de tous les arts industriels, il faudra toujours avoir recours aux traités spéciaux ou aux articles de l’Encyclopédie du xixe siècle pour en acquérir une idée complète : ainsi que cela existe sur tant d’autres points, la technographie del’Annuaire ne sera que le prolongement de la technologie de l’Encyclopédie.

Nous en étions là de cette introduction à notre travail complètement achevé, et l’Annuaire IXe allait paraître, quand est survenue la terrible secousse politique dont nous avons encore tarit de peine à nous remettre. Forcément suspendue pendant plus d’une année, notre publication n’a point voulu reprendre son cours en se privant des puissants éléments d’intérêt que comporte le récit des graves événements accomplis dahs cet intervalle, quelque court qu’il fût relativement : de là, un nouvel atermoiement, dont notre travail spécial n’a pu, malheureusement, bénéficier au même titre ; car il n’est pas besoin de dire que, pendant la même période de temps, la Technologie n’a pas suivi la marche hâtive des faits politiques, et militaires. Nous savons bien qu’en vertu d’une assimilation, de l’abus de laquelle nous n’avons été que

trop témoins, nous pourrions revendiquer, pour notre cadre, une partie importante, —la plus décisive peut-être, — des enseignements fournis par la guerre franco-prussienne, et insister sur les nombreux points où la part du soldat y a été restreinte au profit de celle de l’ingénieur ; mais, en quelque estime que soient momentanément ces excès de génie militaire, nous ne trouvons pas que la confusion qui en est faite avec le génie civil soit d’accord avec la vérité technique, ni conforme à la morale sociale. En fait, leur distinction radicale consistera toujours en ce que l’objet de l’un est de détruire, tandis que l’autre ne tend qu’à construire ; et la première tâche, malgré le vernis scientifique qu’on essaye de lui donner, est incomparablement plus facile que la seconde, et plus sujette à Y aléa qui résulte du rôle toujours considérable que sont appelées à y jouer les forces purement humaines. On peut se convaincre à cet égard par des observations puisées même dans la dernière guerre : certaines rencontres, la bataille de Beischoffen par exemple, ont démontré que si notre armée eût été seulement dans des conditions de nombre, et d’organisation équivalentes à celles que présentaient les troupes prussiennes, l’armement supérieur de. celles-ci ne leur eut guère servi, et leur artillerie se chargeant par la culasse eût eu le résultat qu’obtinrent, réciproquement, chez nous, nos mitrailleuses si perfectionnées, celui de consommer force munitions pour très-peu d’effet. Mais c’est principalement sous le rapport économique que ces innovations militaires atteignent . le maximum d’influence désastreuse, et mentent à la condition essentielle duréelprogrês technologique ; car elles ont pour première conséquence, de rendre non pas seulement inutile, mais nuisible, ce qui existait avant elles, et de tendre à sa suppression immédiate. Il en est différemment dans l’industrie : tout nouvel engin permet encore le travail utile de ceux qui existent, qu’il est destiné à remplacer, et auxquels il se substitue graduellement, suivant les besoins normaux de la société, et en coopérant à l’augmentation du trésor commun. Aussi, cette funeste manie des perfectionnements militaires, qu’on peut considérer" comme le plus grave symptôme de la dissolu- : lion politique de notre époque, mènerait fata-j lement, si elle avait encore une longue durée, ! à la vaine dissipation de.toute la réserve des générations passées, à la ruine complète et irrémédiable des générations futures. Et quel ressort pour l’intelligence ! Bientôt, tout le travail industriel des nations se conformerait au type présenté actuellement par les Anglais, qui passent leur vie à construire des plaques blindées de plus en plus épaisses pour résister à tous. les boulets, et des boulets de plus en plus gros,