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Page:Anonyme - Eugène Fromentin, 1905.djvu/23

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raires. Déjà le poète perçait dans le collégien, et de temps à autre il s’en allait le soir, rue de l’Escale, avec des battements de cœur, glisser furtivement des pièces de vers dans la boite de rédaction du brave père Maréchal, qui les insérait le plus souvent, car les vers n’étaient pas mauvais. Enfin, son professeur de rhétorique de 1837, l’érudit Léopold Delayant, nous a raconté jadis qu’un jour son élève lui avait remis un devoir si réussi, sur un sujet cependant assez ingrat, le psaume VIII, qu’il en avait été émerveillé et qu’il crut devoir, pour l’en récompenser, le faire reproduire, à l’insu de l’auteur, dans un journal de la localité.

En 1839, ses humanités terminées, son père l’envoya à Paris pour y faire son droit, et le fit entrer dans l’étude de Me Denormandie, avoué, où il eut pour compagnons deux hommes devenus célèbres, eux aussi, dans des genres différents : Forcade de la Roquette, qui fut ministre d’État, et Me Nicolet, le grand avocat. Il resta là quelques années, plus par devoir que par goût, prenant régulièrement ses inscriptions et suivant les cours, mais sans parvenir à se passionner pour la procédure et sentant bien que sa vocation n’était pas de ce côté. Entre temps, il commençait d’ailleurs à s’occuper d’art et de littérature. Son meilleur ami d’alors, Émile Beltrémieux, fondait à La