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Page:Anonyme - Eugène Fromentin, 1905.djvu/40

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l’emporte, à la mer, à qui je le confie, connais-tu sur une côte où j’aurais pu te voir, un village blanc dans un pays pâle, où l’absinthe amère croît jusqu’au bord des champs d’avoine ? Connais-tu une maison silencieuse et souvent fermée, une allée de tilleuls où l’on marche peu, des sentiers sous un bois grêle où les feuilles mortes s’amassent de bonne heure, et dont les oiseaux de ton espèce font leur séjour d’automne et d’hiver ? Si tu connais ce pays, cette maison champêtre qui est la mienne, retournes-y, ne fut-ce que pour un jour et porte de mes nouvelles à ceux qui sont restés.

» Je le posai sur ma fenêtre, il hésita, je l’aidai de la main ; alors, il ouvrit brusquement ses ailes ; le vent du soir qui soufflait de la terre le décida sans doute à partir, et je le vis s’élancer en droite ligne vers le nord. »

Depuis, le maître Rochelais, revit souvent son cher village blanc… Il y retournait régulièrement chaque année, à l’automne… jusqu’au jour fatal où il vint s’y coucher pour ne plus se relever.

Il y repose maintenant sous les feuilles mortes qui s’amassent toujours dans des allées où l’on ne marche plus, et où, seul, le rouge-gorge d’Alger revient, chaque hiver, lui tenir compagnie.[1]

  1. Depuis la création du cimetière de la Rossignolette, qui est voisin, la porte du petit cimetière de Saint-Maurice,