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Page:Anonyme - Huon de Bordeaux, chanson de geste.djvu/105

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étoile. On ne saurait dire ni imaginer les grandes douleurs, que tu auras à souffrir. Moi-même je souffrirai pour toi, car il me faudra, pour t’avoir aidé, doubler ma pénitence, et demeurer trente ans encore lutin de mer par-delà les trente années auxquelles j’étais déjà condamné. Voici la ville où tu dois aller. Souviens toi que tu ne saurais dire un mensonge sans perdre l’amitié d’Oberon. Adieu. » P. 157-161.

Le lutin disparaît d’un bond dans la mer, et Huon, resté seul, se dirige vers la cité où Gaudisse tient en ce moment sa cour. Il traverse une foule innombrable de païens qui le regardent et lui font oublier son anneau. Au premier pont, le portier lui demande s’il est Sarrasin. « Oui vraiment », répond-il, sans penser que par ce mensonge il perd l’amitié d’Oberon. Il s’en repent amèrement l’instant d’après et jure de ne plus mentir de sa vie. Au second pont, il montre son anneau, dont la seule vue lui fait ouvrir la porte, et passe de même le troisième pont, toujours regrettant le mensonge qui vient de lui échapper. P. 161-163.


(Nouvel appel du jongleur à ses auditeurs, qui jusqu’à présent ne lui ont guère donné d’argent. Il excommunie, dit-il, de par son autorité et de par celle d’Oberon tous ceux qui ne fouilleront à leurs bourses pour donner à sa femme.)


Le fils de Séguin a encore passé le quatrième pont en montrant son anneau. Il arrive près du palais et entre dans le verger de l’amiral, où sont réunies toutes les espèces d’arbres à fruits que Dieu a créés. Une fontaine y coule qui vient du paradis et dont l’eau merveilleuse rend la jeunesse au vieillard le plus chenu, la virginité à la femme la moins sage. Un serpent,