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Page:Anonyme - Huon de Bordeaux, chanson de geste.djvu/263

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Huon de Bordeaux

« Jou ne te puis amer ne tenir chier,
« Et, par Mahom à qui je doi proiier,
« Vous n’enmenrés palefroi ne sommier.
— Sire, dist Hues, c’arés vous gaaignié,
« Se vous nous faites ocire et detrenchier ?


« Sire, dist Hues, moult grant tort en avés ;
« Por l’amor Dieu, et qe nous demandés ?
— Vasal, dist Oedes, aparmain le sarés :
4180« Por seul itant que vous en Diu créés,
« Vous sera ja, certes, li ciés copés ;
« Ceval corant ne somier n’enmerés.
« Mais or me di, desor ta loiauté :
« Porcoi as chi tant de gent asanlé ?
« Moult par as ore de gent à ton soper.
— Sire, dist Hues, certes, vous le sarés :
« Je m’en vois droit outre le roge mer ;
« Ces povres gens que vous ichi véés,
« En l’ounor Dieu lour donne à souper,
4190« Que il me laist à joie retorner. »
Et respont Oedes : « Mal esploitié avés,
« Car jamais jour nul autre ne verrés,
« Ains vous ferai tos les membres coper.
— Sire, dist Hues, laisiés le plait ester,
« Et vous courés vistement desarmer,
« Par tel convent que ja dire m’orrés :
« Vous et vostre homme, alés vos mains laver ;
« Je vous donrai à mengier à plenté
« Et pain, et car, et viés vin, et claré,
4200« Et de poisson, de fres et de salé.
« Après mengier, faites le droit conter ;
« Qui tort ara, se le voist amender.
« A moi mal faire petit conquesterés ;
« Bien m’est avis, se fasiés loiautés,