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Page:Anonyme - Huon de Bordeaux, chanson de geste.djvu/310

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5741—5774
Huon de Bordeaux

Dist l’amirés : « Te sire est fos provés ;
« Je ne le pris vaillant .i. ail pelé.
« S’il me donnoit trestoute s’ireté,
« Ne laiseroie me blance barbe ester
« Ni en après .iiii. dens maseler.
« .XV. mesaiges a fait çaiens entrer ;
« Il n’en vit onques .i. tot seul retorner :
« Tous les ai fait escorcier et saler,
« Et, par Mahom, li sesimes serés ;
5750« Mais, por l’anel, ne t’osons adeser.
« Or te veul jou sor ton Dieu conjurer
« Et sour la loi que tu as à garder,
« Puisque tu dis qe t’es de France nés,
« Quel vif diable t’orent l’anel donné ? »
Or ne puet Hues en avant reculer,
Car trop redoute Auberon le faé.
« Dans amirés, dist Hues au vis cler,
« Si m’aït Dix, je dirai verité :
« Par saint Denis, que vauroit li celer ?
5760« J’ai ton segnor ochis et decopé. »
L’amirés l’ot, si commence à crier :
« Baron, dist il, lairés l’en vous aler ?
« S’il vous escape, tot sommes vergondé. »
Paien l’entendent, vers Huon sont alé ;
Dont l’asalirent et en coste et en lés.
Cil se desfent cui li mestiers en ert.
.I. arc volu a Hues regardé,
Cele part vint et s’i est acostés ;
Derrier n’a garde li gentis baceler.
5770Il tint el puing le bon branc aceré ;
Cui il consieut à le fin est alé :
Mar querroit mire, que tost l’a meciné.
Mal de chelui qui ost vers lui aler ;
.XIIII. en a ochis et afinés.