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Page:Anonyme - Huon de Bordeaux, chanson de geste.djvu/440

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10,138—10,171
Huon de Bordeaux

Plus haute fu .ii. grans piés mesurés
Que ne fu cele ù Kallemaines ert.
10140Li cors i fu et li haubers safrés,
Et li hanas de fin or esmeré.
Kalles le voit, à Nalon l’a mostré.
« Nales, dist il, véés, por l’amor Dé !
« Mien ensiant, nous sommes encanté. »
Moult s’esmervellent li baron de l’ostel
De cele table, forment l’ont regardé.
Geriaumes a son cief amont levé,
Voit le hauberc et le hanap doré,
Le cor d’yvoire ; trestout a ravisé.
10150Dist à Huon : « Mar vous esmaierés,
« Car jou voi là vo bon haubert safré,
« Vo cor d’yvoire et vo hanap doré ;
« Bien sai de voir que secorus serés. »
Hues l’entent, s’a grant joie mené.
« Hé ! Dix, fait il, tant soiés aorés !
« Mes gentis sires ne m’a mie oblié.] »
Atant es vous Auberon le faés ;
Ens la vile entre, et il et ses barné.
Ses barons a maintenant apelé.
10160« Segnor, fait il, envers moi entendés :
« Je vous commant les portes bien gardés,
« Que ne s’en isse nus hom de mere né. »
Et cil respondent : « Tout à vo volenté. »
Onques n’ot porte ens la bone cité
U il n’éust .xm. hommes armés.
Les grandes rues emplisent de tos lés.
Vers le palais est Auberons alés,
.Xm. en laisse à l’entrer de l’ostel,
Si lour commande, sor les membres coper,
10170Que se il sonne le cor d’ivoire cler,
Que il ne laissent homme nul seul paser