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Page:Anonyme - Huon de Bordeaux, chanson de geste.djvu/78

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Sommaire.

qu’il le dise. » C’est aussi l’avis du duc Naimes. Il faut demander à Amaury pourquoi Charlot est allé au bois revêtu de son haubert. Qu’y voulait-il faire en armes ? — « Je vous le dirai, répond Amaury, et si je mens, que Dieu me maudisse. P. 39-42. — Hier soir Charlot vint me prier d’aller en chasse avec lui. J’y allai, et j’eus tort, hélas ! Comme je me méfiais de Thierry l’Ardenois, nous partîmes en armes et allâmes prendre nos ébats au bois sous Paris. Nous lançâmes nos autours, et nous en perdîmes un à la tombée de la nuit. Ce matin, à l’aube du jour, nous reconnûmes que Huon s’était emparé de l’oiseau. — Charlot le lui redemanda ; le traître se refusa à le rendre. Le débat devint si vif que Charlot frappa Gérard. Il fut à son tour frappé par Huon, qui le pourfendit jusqu’à la poitrine, et s’enfuit sous mes yeux avec son frère. Je n’ai pu les atteindre, à mon grand déplaisir. Huon a tué ton fils sachant ce qu’il faisait. S’il ose soutenir que j’ai menti, voici mon gage. — Sainte-Marie ! s’écrie l’abbé de Cluny, jamais on n’entendit de plus grand mensonge. Je suis prêt à jurer sur les saints, et quatre-vingt moines avec moi, que tout ce que vient de dire ce larron n’est que fable et fausseté. — Certes, dit Charles, voilà un témoignage imposant. Que répondez-vous, sire comte Amaury. — L’abbé, répond le traître, peut dire tout ce qu’il lui plaira ; je ne veux pas le démentir devant vous ; mais je saurai bien forcer Huon à confesser la vérité. » L’abbé de Cluny, hors de lui, dit à Huon : « Eh bien, que tardes-tu, beau neveu ? Offre ton gage, car le droit est de ton côté. Si tu étais vaincu, si Dieu le permettait, et que je pusse jamais revenir à Cluny, je battrais si bien saint Pierre dans sa châsse que j’en ferais tomber tout l’or. — À