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Page:Anonyme - Le roman d'Aquin ou La conquête de la Bretaigne par le Roy Charlemaigne.djvu/175

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la conqueste de la bretaigne

— « Ouyl voir, Dame, pour voir le vous plevis ! »
Quant elle ouait n’y a joaye ne ris,
Ses paulmes destant et agrace son vis ;
1045Et elle se pasme desoubz le marbre bis.
« Lasse ! dist-elle, morte suy ge à touz diz !
« Mors sont mes hommes, perduz sont mes amys. »
Aiquin l’embrace, qui estoit son maris :
« Damme, dist il, reïgne seignouris,
1050« Lessez ester et vos bretz et vos cris ; (fo 19 vo)
« Vangez seront, ge vous dy sans mentiz,
« Le roy de France vous rendre mort ou vifs ! »
Ce dist la damme : « Sire .V.c mercis. »
Atant fut vespre et le jour afinis ;
1055La nuyt reposent, tant que fut esclardis.

XV

BEaux est le vespre, le jour est reconsé,
La lune rée et gette grant clarté ;
Et Charlemaine le fort roy couronné
Si est es champs o sa gent aposté,
1060Là où son peuple ot esté decouppé,
Luy et sa gent ilz sont à pié allé ;
Isnellement ont lours gens decerné,
D’ovec paiens ont Crestïens osté.
Le roy fist fere ung charnier bien oupvré
1065De bonne pierre, en bon mortier scellé.