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Page:Anonyme - Le roman d'Aquin ou La conquête de la Bretaigne par le Roy Charlemaigne.djvu/228

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la conqueste de la bretaigne

Noz Franczois a veü et regardé,
Haulte a la vouez, forment s’est escrïé :
2435« Leans sont les F[rancz]ois ge soy de verité ! »
Isnellement yssent de la cité.
A quatre mille [il] sont tost arivé,
Qui à Franczois ont moult forment rué.
Mains Crestïens ont illec afolé ;
2440Mès des payens y a si grant planté,
Contre ung des noz y a bien sept malfé,
Qui de noz gens ont moult forment tué.
Noz Crestïens [sont] forment esmayé,
Et ont Jhesu haultement reclamé,
2445Qu’il les secoure par sa grande bonté,
Et en après se sont fort escrïé :
« Helas ! font ilz, mal suymez [onques] né !
« Moult abvon mal soufert et enduré
« Dedans Bretaigne, bien a sept ans passé.
2450« Beau sire Dieu ! Bon roy de majesté !
« Que fait ore Charles, le bon roy couronné,
« Qu’icy nous lesse mouriz à tel vilté, (fo 44 vo)
« Que il ne vient o son riche barné ?
« Ore bien aise remaint [o] Ysoré
2455« En Quidalet qu’il luy a donné,
« Où [il] bait vin et piment et cleré,
« De rien ne pencent en la mortalité ! »
Et le duc [Nesmes] les a bien conforté :
« Barons, dist il, ne soiez effrayé ;
2460« C’est tout pour Dieu, le roy de majesté,