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Page:Anonyme - Le roman d'Aquin ou La conquête de la Bretaigne par le Roy Charlemaigne.djvu/53

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introduction

mais forment des groupes consacrés chacun à une même famille de héros. Au milieu de ces cycles, quelle place occupe la Conquête de la Bretagne ? Sans doute, il est naturel de la ranger, comme on l’a fait, dans la geste de Charlemagne ; cependant cette classification imaginée pour les besoins de la critique ne doit pas empêcher de considérer la chanson sous un de ses aspects originaux. Malgré la présence de Charlemagne, elle a, par sa liste de guerriers d’une même race, comme par le développement donné au rôle de certain personnage, le caractère d’une geste à part : geste des Bretons ou geste de Naimes.

Elle a d’ailleurs été laissée à l’écart par les trouvères eux-mêmes. Les chansons connues n’y font aucun emprunt apparent. Aucun des compilateurs de la geste du roi n’en connaît même le sujet. Philippe Mousket, Girard d’Amiens, la Karlamanùs Saga, les Reali, ignorent la guerre contre le roi Aquin [1].

  1. Les chansons de geste ne font que de rares allusions aux guerres de Charlemagne en Bretagne, et ces guerres sont toujours dirigées contre les Bretons eux-mêmes. Roland dit à son épée : Jo l’en cunquis e Anjou e Bretaigne (v. 2322), sans que l’on sache à quelle guerre se rapporte cette conquête. Il est fait mention de guerres contre les Bretons dans Mainet (fragments, v. 53), Garin le Loherain (II, 65, P. Paris) ; Amis et Amile (H. litt., XXII, 290) ; le Couronnement Loeys (v. 18). Ph. Mousket (v. 4639), Girard d’Amiens en disent quelques mots empruntés