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Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/102

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Préface.

meille il a fait une croix blanche, ou bien c’est après lui que cette légende se sera modifiée, et que la croix blanche sera devenue vermeille.

En somme, l’examen des principaux éléments de sa composition n’est nullement défavorable à ce vieux trouvère, qui de nos jours eût pu être un bon dramaturge et se faire applaudir sur nos théâtres des boulevards à plus juste titre que ne l’a été son faible imitateur Guilbert de Pixerécourt. La chanson de Macaire, en effet, n’est point une épopée, mais bien l’étoffe d’un grand mélodrame : aussi en a-t-on taillé un dans le seul morceau qui en restât. Quelques fils du tissu peuvent bien ne pas appartenir à celui qui l’a tramé, mais le reste lui fait encore une assez belle part et permet de croire qu’il n’était pas indigne du succès qu’il a obtenu.

Un tel genre de succès, celui qu’on demande aux lettres, peut se composer de deux éléments : l’honneur et le profit, ou se réduire à l’un des deux seulement, soit par la force des choses, soit par la volonté des écrivains. Quelles furent, à cet égard, les aspirations des auteurs de nos chansons de geste, et en particulier de celui qui nous occupe ? Question curieuse, qu’un contemporain pouvait seul bien résoudre ; et précisément il s’en trouve un qui l’a résolue, tout juste à propos de notre poëme. C’est encore le moine de Trois Fontaines, dans le passage ci-dessus rapporté, où il dit : « Toutes ces inventions, propres sans doute à divertir un auditoire, à y provoquer le rire et même les larmes, sont cependant trop éloignées de la vérité historique. Elles