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Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/122

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cxiv
Préface.

L’uns fu all’ altre del parler covotos
Por les novelles savoir dont il sont desiros.

Mais ici, à défaut de texte pur, la restitution serait aisée ; elle le serait beaucoup moins ailleurs. Dans une bataille, par exemple, le païen Gorant a affaire au duc Naimes :

O il vit le duc, sovre li est corru ;
Et Naymes est del schu covru
Che Gorant en fu tuit experdu.

Il faut d’abord remplacer dans ce passage le mot covru, qui est un barbarisme et une rime inadmissible. Ensuite on se demande pourquoi Gorant est tout éperdu par cela seul que le duc Naimes s’est couvert de son écu, chose si simple et si peu dangereuse pour le mécréant. De là, nécessité de remanier tout le second vers et pour le fond et pour la forme. La tâche ne serait pas impossible à qui aurait lu quelques récits de joutes et de combats dans nos anciens poëmes, où il n’en manque pas. Il retrouverait peut-être :

Où voit duc Naime sore li a coru ;
Et li vassaus l’a si bien recéu
Que li paiens en fu toz esperdus.


qui est la bonne leçon. Mais l’a si bien reçu est une plaisanterie, et pour populaire qu’elle soit, il y a là une certaine finesse de langage devant laquelle un étranger, et un médiocre étranger, a reculé pour tomber à la fois dans le barbarisme et dans le non-sens.