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Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/145

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Sommaire.

les richesses du monde ne te sauveraient pas d’une mort honteuse. Laisse-moi sur l’heure, et prends bien garde de ne jamais reprendre semblable entretien. » Macaire l’entend et s’éloigne, honteux et tout agité de mauvais sentiments. P. 7-11.

Il ne songe qu’à son coupable dessein ; il y songe nuit et jour, et s’il n’en vient à ses fins il se comptera lui-même pour rien. Mais comment y réussir ? Il y avait à la cour un méchant nain, fort aimé du roi et de la reine ; Macaire le va trouver et lui dit : « Nain, tu es né à la bonne heure. Je te donnerai assez d’argent pour t’enrichir toi et les tiens si tu veux me servir à mon gré. — Ordonnez, dit le nain ; je suis prêt. — Eh bien, reprend Macaire, voici ce que tu feras. Quand tu seras près de la reine, tu lui représenteras combien je suis beau, et quelle union sans pareille serait la nôtre, si elle voulait répondre à mes désirs. — C’est assez, fait le nain, quand je serai près de la reine, je lui dirai mieux encore. — Heureux nain, reprend Macaire, tu recevras de moi assez d’argent pour enrichir toute ta parenté ! — Soyez sans crainte, » dit le nain, et il le quitte tout joyeux. Macaire, non moins joyeux, s’en retourne à son hôtel. P. 11-13.

Le nain ne cesse de penser à son message, et quand Macaire le rencontre, il ne manque pas de l’endoctriner. Enfin, un jour de fête, le nain s’approche de la reine, va se coucher sous son manteau, et, selon sa coutume, se prend à la courtiser. La reine, qui ne pensait point à mal, le caresse, le flatte de la main, et lui s’enhardit jusqu’à lui parler ainsi : « Je ne saurais comprendre, Madame, que vous puissiez aimer