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Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/152

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donné ce conseil. Je prends Dieu à témoin que jamais je n’ai failli ni porté atteinte à votre honneur, que jamais je n’en ai eu même la pensée. — Vaines paroles ! dit le roi. Vous avez été surprise en péché mortel, et toute excuse vous est interdite. Il ne vous reste plus qu’à penser à votre âme. Votre châtiment s’apprête : qui trahit son seigneur doit être brûlé. — Vous allez faire un grand péché, dit la dame. — C’est une honte, dit Macaire au roi, que de vous voir si longtemps en pourparler avec elle. » À ces mots Naimes branle la tête et dit en lui-même : « Voilà un jugement qui sera payé cher. Charles ne verra jamais que pour son malheur la race maudite qui l’a toujours trompé et trahi ! » P. 43-45.

L’empereur qui règne sur la France est en grand émoi à cause de Blanchefleur, qu’il aime par-dessus tout ; mais la justice veut qu’elle soit punie, et c’est bien malgré lui qu’il y donne les mains. Il ordonne à un de ses chambellans de la faire conduire au supplice vêtue et voilée de noir. Un grand feu d’épines est allumé sur la place, devant le palais. La nouvelle s’en répand par tout Paris, et chacun d’accourir dames, chevaliers, gens de pied et marchands. Tous pleurent la reine de cœur et d’âme. On la mène devant le bûcher. Elle le voit, tombe à genoux et prie Dieu, le père tout-puissant, de n’oublier pas qu’elle meurt sans péché, et de la venger avant qu’il soit longtemps de façon à ce que nul n’en ignore. Écoutez maintenant, seigneurs et bonnes gens, ce que fit le traître Macaire. Le voici qui accourt devant le bûcher, portant le nain dans ses bras. « Nain, lui demande-t il, as-tu jamais été avec la dame ? — Oui, vraiment, seigneur, et bien plus d’une