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Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/156

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de male mort ! » Il dit, et voyant qu’Aubri refuse de lui livrer la reine, il pique son destrier et s’élance sur le damoiseau, qui tire son épée et se met en défense. Il eût bien résisté même à un chevalier s’il avait eu son armure ; mais que peut un homme sans autre arme que sa seule épée, contre un adversaire armé de toutes pièces ? Bientôt la lance acérée de Macaire lui traverse le corps et l’étend raide mort sur le pré. P. 63-69.

La reine, saisie d’effroi à la vue de cette lutte, a réclamé le secours de Dieu et de la Vierge, et s’est enfoncée en pleurant dans le plus épais de la forêt. Après avoir tué Aubri, Macaire ne la retrouve plus, et c’est pour lui un grand regret et un grand remords. Il laisse Aubri gisant sur l’herbe, non loin de la fontaine, et s’en retourne à la cour, espérant que le meurtre demeurera à jamais inconnu. P. 69-71.

Aubri est là étendu sur le pré. Son lévrier est couché sur lui ; son palefroi paît l’herbe. Le lévrier demeura trois jours sans manger, et personne au monde ne pleura jamais son seigneur mieux que ce chien ne pleura son maître, qu’il avait tant aimé. Au bout de trois jours, vaincu par la faim, il prend le chemin de Paris, y arrive, court au palais et monte les degrés. C’était à l’heure du dîner ; les barons étaient à table. Une fois dans la salle, le lévrier regarde de tous côtés, aperçoit Macaire, s’élance vers lui et lui fait au visage une grande morsure. Puis il prend du pain sur la table, s’enfuit aux cris des convives, et retourne près du corps de son maître. Macaire reste avec sa plaie dont chacun s’étonne. Plusieurs ont regardé le chien et se demandent si Aubri est de re-