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Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/162

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ne vous lâcherait point. C’est vraiment ici un miracle qu’un homme tel que vous ait été vaincu par un chien. Si Dieu l’a permis, c’est qu’il a voulu que le crime éclatât aux yeux de tous. — Faites-en à votre volonté,  » dit Macaire. Alors l’abbé appelle le roi, le duc Naimes et tous les barons pour entendre les aveux du coupable. « Prenez garde, lui dit-il, de me rien céler ; car je sais déjà tout. — Je ne dirai que la vérité, répond Macaire, mais, de grâce, faites que le chien lâche prise. — Ton crime est trop grand, dit le roi : il ne te lâchera que si tu l’avoues. » P. 97-101.

Macaire confesse son crime, à commencer par la requête d’amour repoussée par la reine. Il dit ensuite comment il recourut à l’entremise du nain, et comment il le jeta dans le feu pour qu’il ne pût le trahir. Enfin, il avoue que le jour où la reine partit, accompagnée d’Aubri, il n’y put tenir, s’arma, monta à cheval, se mit à leur poursuite et finit par tuer Aubri. « Quant à la reine, ajoute-t-il, je n’en saurais rien dire. Elle disparut dans le bois, et je ne la revis plus. Je m’en revins alors, tourmenté par le remords. Que Dieu me refuse l’absolution, si je n’ai pas dit la vérité. — Et moi, dit le roi, que je cesse de porter couronne si je mange avant d’avoir vu ta mort ! Naimes, dit-il encore, ce lâche coquin a trahi la reine ; il m’a tué Aubri que j’aimais tant, quelle sera sa peine ? Avisons-y, répond Naimes. Il faut d’abord qu’il soit attaché à la queue d’un grand cheval et traîné par tout Paris, et ensuite nous le ferons brûler vif. Nul de ses parents n’osera s’en plaindre : au besoin, nous en userions de même envers eux. — Bien parlé ! » s’écrient les barons. Le chien, cependant, tient toujours