Aller au contenu

Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/190

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
clxxxij
Sommaire.

croyez point, regardez la croix blanche que je porte sur l’épaule droite. » Le roi l’entend, et, s’adressant au duc Naimes : « Que dit cet enfant, Naimes ? Je ne comprends rien à son langage. D’où est-il ? Qui est-il ? — Quand je vous l’aurai dit, répond Naimes, ce sera une joie pour tous comme jamais il n’y en aura eu en France. Ce jeune enfant que vous voyez, je puis vous assurer, je puis vous jurer qu’il est votre fils ; Blanchefleur sa mère n’est point morte ; je l’ai vue tout à l’heure. — Est-il bien vrai ? dit Charlemagne ; j’ai peine à le croire, car si elle vivait, aurait-elle pu voir ainsi succomber les siens ? — Je vous le jure, reprend Naimes ; je l’ai vue, je lui ai parlé, et la paix est faite si vous le voulez. — Nous ne l’aurons que trop tard ! » dit Charlemagne. Puis il se prend à regarder l’enfant : « Beau fils, lui demande-t-il, comment se nomme ta mère ? et ton père, comment l’appelle-t-on ? — Ma mère se nomme Blanchefleur, répond l’enfant, et elle m’a dit que Charlemagne était mon père. » Le roi le regarde encore, le baise et lui dit : « Beau fils, vous devez m’être cher ; après ma mort, vous régnerez sur la France, sur la Normandie, sur la Bavière. — Songeons avant tout à la paix, dit le duc Naimes, et que vous puissiez bientôt ramener la reine en France. — C’est vous, dit le roi, que je charge du soin de mettre fin à la guerre. — Sire, répond le duc Naimes, j’ai vu la reine, j’ai conféré avec elle, je connais ses intentions : c’est que vous ayez une entrevue, seul à seul, avec son père. Là, vous vous accorderez tous deux et conclurez la paix. » P. 285-293.

Charlemagne y consent ; l’entrevue a lieu. Pendant que les deux princes sont en pourparler, voici la reine