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Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/59

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Préface.

personne du moins de ceux que nous venons de citer : ni Montfaucon, ni son critique de La Haye, ni ses défenseurs du Mercure, sans quoi la querelle ne serait pas née ou n’aurait pas pu durer. Mais un savant plus connu aujourd’hui par ses erreurs que par ses mérites, le Franc-Comtois Bullet, releva un jour dans la chronique d’Alberic le passage que nous avons rapporté plus haut, et, ce texte à la main, fouetta vivement le chien de Montargis pour le renvoyer au roman d’où il était sorti. Si depuis lors on a vu le fidèle lévrier rentrer dans l’histoire derrière son maître, la faute n’en est point à Bullet. Il avait très-bien réussi à l’en mettre hors. « Je n’aurois pu me décider, disait ce savant, à nier un fait soutenu d’un monument, consigné dans nos chroniques, cité par des écrivains de réputation, respecté par Scaliger, adopté par Montfaucon, si je n’avois découvert une preuve incontestable de sa fausseté[1]. »

En effet, quelle preuve plus incontestable que le passage d’Alberic ? Tout ce qu’on y pouvait ajouter, c’était de retrouver et de produire le roman que le chroniqueur avait eu sous les yeux. Telle est la tâche que je me suis donnée et que je remplis aujourd’hui. Réussirai-je mieux que Bullet à reléguer au pays des fables l’anecdote du chien de Montargis ? Rien ne me paraît

  1. Dissertations sur la mythologie françoise et sur plusieurs points curieux de l’histoire de France, par M. Bullet. Un vol. in-12. Paris, 1771. — La Dissertation sur le chien de Montargis que renferme ce volume (p. 64-92) a été réimprimée par M. C. Leber, avec des notes, dans la collection citée plus haut.