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Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/78

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Préface.

du chien d’Aubri. Toujours vivant, toujours aussi redoutable, il fut engagé, pour ainsi parler, dans un nouveau duel non moins étrange que le premier, et sortit encore vainqueur de cette épreuve, où il avait pour adversaire le grand poëte Gœthe. Voici comment. Le mélodrame de Guilbert de Pixerécourt avait été traduit en allemand, et le grand-duc de Saxe-Weimar, soit caprice personnel, soit plutôt faiblesse pour une favorite[1] à qui Gœthe n’avait pas l’heur de plaire, voulut se donner le divertissement de faire représenter la pièce devant lui. L’auteur de Faust, qui était alors surintendant du théâtre de Weimar, ne put supporter l’idée de voir un chien figurer sur ce théâtre, et refusa de se prêter à un tel abaissement de l’art dramatique. Mais sa résistance fut inutile. On fit venir de Leipzig l’acteur Karlsten, qui avait dressé un caniche pour jouer le rôle du lévrier, et le surintendant n’eut d’autre ressource que de renoncer à ses fonctions. Il en fut relevé par une lettre du grand-duc en date du 13 avril 1817[2]. On dit qu’à cette occasion Gœthe avait adressé à Charles-Auguste un quatrain qui se terminait ainsi : « Puisque le chien triomphe, c’est au poëte à se retirer[3]. »

  1. La Jagmann.
  2. Correspondance de Charles-Auguste et de Goethe, (Briefwechsel des Grossherzogs Carl August von Sachsen-Weimar eisenach mit Gœthe in den Iahren von 1775 bis 1828.) Weimar, 1863, 2 vol., t. II, n° 369.
  3. Je n’ai pu vérifier cette dernière partie de l’anecdote dont j’ai trouvé l’indication dans un article de M. Charles Richomme, déjà cité ci-dessus.