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Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/102

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de Robinson Crusoé.


Mais comme j’étois né pour être l’architecte de mon propre malheur, il me fut aussi impossible de résister à leur offre, qu’il me l’avoit été autrefois de réprimer les desirs extravagans qui firent avorter tous les bons conseils de mon père. En un mot, je leur dis que je partirois de tout mon cœur, s’ils vouloient bien se charger du soin de ma plantation pendant mon absence, & en disposer selon que je l’ordonnerois, si je venois à périr. C’est ce que tous me promirent & à quoi ils s’obligèrent par contrat. Je fis donc un testament en forme, par lequel je disposois de ma plantation & de mes effets, en cas de mort, constituant mon héritier universel, le capitaine du vaisseau qui m’avoit sauvé la vie, comme j’ai déjà dit ci-dessus ; mais l’obligeant à disposer de mes effets suivant cette classe, c’est-à-dire qu’il garderoit pour lui la moitié de mes acquisitions, & feroit embarquer l’autre moitié pour l’Angleterre.

Enfin je pris toutes les précautions imaginables pour mettre mes biens en sûreté, & pour pourvoir à l’entretien de ma plantation. Que si j’eusse employé seulement une partie de cette prudence à étudier mes véritables intérêts, & à peser ce que je devois faire, & ce que je ne devois pas faire, il est certain que je ne me serois pas éloigné un moment d’un établissement aussi