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Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/135

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de Robinson Crusoé.

une bonne partie, sur tout du fer, dont je m’étois promis de faire un bon usage ; néanmoins la marée devenue basse, je tirai à terre la plûpart des pièces de cables, & quelques unes de fer, quoique à la vérité avec un travail infini, puisque j’étois obligé pour cela de plonger dans l’eau, exercice qui me fatigua beaucoup. Après cet exploit je ne manquai point d’aller à bord une fois chaque jour, & d’en apporter tout ce que je pouvois.

Il y avoit déjà treize jours que j’étois à terre, & que j’avois fait onze voyages à bord du vaisseau : durant ce tems-là j’en avois enlevé tout ce qu’au monde une personne seule est capable d’enlever ; mais je crois que, si le tems calme eût continué, j’aurois amené à terre tout le bâtiment, pièce à pièce. Je voulus y retourner la douzième fois : comme je m’y préparois, je trouvai que le vent commençoit à se lever ; cela n’empêcha pourtant pas que je ne m’y rendisse durant la marée basse ; & quoique j’eusse souvent fouillé & refouillé par toute la chambre du Capitaine, avec tant d’exactitude, que je croyois qu’il n’y avoit plus rien à trouver, je découvris cependant une armoire avec des tiroirs dedans, dans l’un desquels je trouvai deux ou trois rasoirs, une petite paire de ciseaux, & dix ou douze couteaux, avec autant de fourchettes ; dans un autre, il y avoit environ