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Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/183

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de Robinson Crusoé.

relle du tremblement de terre, il falloit que ce dernier fût épuisé, & que je pouvois bien me hazarder à retourner dans ma demeure. Ces pensées réveillèrent mes esprits, & la pluie aidant encore à me persuader, j’allai m’asseoir dans ma tente ; mais je n’y fus pas long-tems, que j’appréhendai qu’elle ne fût renversée par la violence de la pluie ; ainsi je fus forcé de me retirer dans ma caverne, quoiqu’en même tems je tremblasse de peur qu’elle ne s’écroulât sur ma tête.

Ce déluge m’obligea à faire un trou au travers de mes fortifications, comme un ruisseau, pour faire écouler les eaux, qui, sans cela, auroient inondé ma caverne. Quand j’eus demeuré à l’abri pendant quelque tems, & que je vis que le tremblement de terre étoit passé, mon esprit commença à se trouver dans une meilleure assiette ; & pour soutenir mon courage, qui en avoit assurément grand besoin, je m’en allai à l’endroit où étoit ma petite provision, pour me fortifier d’un trait de rum ; mais alors, comme en toute autre occasion, j’en usai fort sobrement, sachant très-bien que, quand mes bouteilles seroient une fois à sec, il n’y auroit plus moyen de les remplir.

Il continua de pleuvoir toute la nuit & une partie du lendemain, tellement qu’il n’y eut pas moyen de mettre le pied dehors : mais comme je me possédois beaucoup mieux, je commençai