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Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/187

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de Robinson Crusoé.

de l’eau qu’il n’étoit auparavant. J’examinai le baril qui étoit sur le rivage, & je trouvai que c’étoit un baril de poudre, mais qu’il avoit pris l’eau, & que la poudre étoit toute collée, & dure comme une pierre. Néanmoins je le roulai plus avant par provision, pour l’éloigner de l’eau, & j’allai ensuite aussi près du vaisseau que je le pouvois sur le sable.

Quand je fus proche, je trouvai qu’il avoit étrangement changé de situation. Le château d’avant, qui auparavant étoit enterré dans le sable, paroissoit pour lors élevé de plus de six pieds : la poupe qui avoit été mise en pièces, & séparée du reste par la tempête, dès que j’eus achevé d’y fouiller la dernière fois, sembloit avoir été balottée, & se montroit toute sur un côté, avec de si hauts monceaux de sable devant elle, qu’au lieu que ci-devant je n’en pouvois pas approcher d’un demi-mille qu’à la nâge, il m’étoit aissé d’aller au pied jusqu’au-dessus, quand le reflux s’étoit épuisé. D’abord je fus surpris d’une telle situation ; mais bientôt je conclus qu’elle avoit été causée par le tramblement de terre, & comme par les secousses de ce tremblement le vaisseau s’étoit brisé & entr’ouvert beaucoup plus qu’il ne l’étoit auparavant, de même aussi il venoit tous les jours à terre quantité de choses que la mer détachoit,