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Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/221

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de Robinson Crusoé.


J’eus long-tems ce projet en tête, & la beauté du lieu étoit cause que j’en repaissois mon imagination avec plaisir ; mais quand je vins à considérer les choses de plus près, & à réfléchir que ma vieille demeure étoit proche de la mer, je trouvai que ce voisinage pourroit donner lieu à quelque évenement favorable pour moi ; que la même destinés qui m’avoit poussé où j’étois, pourroit m’y envoyer des compagnons de mon malheur ; & que, bien qu’il n’y eût pas beaucoup d’apparence à une telle époque, néanmoins si je venois à me renfermer dans les collines & dans les bois, au centre de l’Isle, ce seroit redoubler mes entraves, & rendre mon affranchissement non-seulement peu probable, mais même impossible ; & que par conséquent je ne devois aucunement changer de demeure.

Mais pourtant j’étois devenu si amoureux d’un si bel endroit, que j’y passai presque tout le reste de Juillet : & quoiqu’après m’être ravisé j’eusse conclu à ne point changer de domicile, je ne pus m’empêcher de m’y faire une petite métairie au milieu d’une enceinte assez spacieuse, laquelle enceinte étoit composée d’une double haie bien palissadée, aussi haute que pouvois atteinte, & toute remplie en dedans de menu bois. Je couchois quelquefois deux ou trois nuit consécutives dans cette seconde forteresse, passant &