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Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/328

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Les aventures

eu assez de bonheur pour descendre du roc, il se seroit encore trouvé au-delà de mon retranchement extérieur.

C’est ainsi que je pris pour ma conservation toutes les mesures que la prudence humaine étoit capable de me suggérer, & l’on verra bientôt que ces précautions n’étoient pas absolument inutiles, quoique ce ne fût alors qu’une crainte vague qui me les inspirât.

Pendant ces occupations, je ne laissois pas d’avoir l’œil fur mes autres affaires, je m’intéressois sur-tout à mon petit troupeau de chèvres, qui commençoit non-seulement à être d’une grande ressource pour moi dans les occasions présentes, mais qui, pour l’avenir, me faisoit espérer l’épargne de mon plomb, de ma poudre, & de mes fatigues, que sans elles j’aurois dû employer dans la chasse des chèvres sauvages. J’aurois été au désespoir de perdre un avantage si confidérable, & d’être obligé à la peine d’assembler & d’élever un troupeau nouveau.

Après une mûre délibération, je ne trouvai que deux moyens de les mettre hors d’insulte. Le premier étoit de creuser une autre caverne sous terre, & de les y faire entrer toutes les nuits, & la seconde, de faire deux ou trois autres petits enclos, éloignés les uns des autres, & les plus cachés qu’il fût possible, dans chacun desquels je